Le 10 février 2020, la loi française relative à une ‘économie circulaire et à la lutte contre le gaspillage’ été promulguée après des mois de discussion. La loi AGEC vise à éliminer les déchets et la pollution dès la phase de conception et à transformer le système de production, de distribution et de consommation d'un modèle économique linéaire à un modèle économique circulaire. Il encourage les entreprises de divers secteurs à éliminer le gaspillage et à adopter des pratiques plus circulaires. Les jalons de la loi sont les suivants :
- Mars 2021 - L'interdiction des contenants en polystyrène (couramment utilisés dans les plats à emporter indépendants) ainsi que des couverts et des pailles en plastique
- Mars 2022 - La vente de fruits et légumes sélectionnés dans des emballages en plastique pour des portions inférieures à 1,5 kilogramme devient illégale
- 2023 - Les restaurants rapide ne seront plus autorisés à utiliser des assiettes et des gobelets jetables pour la consommation d'aliments et de boissons sur place
- 2025 – L’objectif fixé par la loi pour recycler 100% de tous les plastiques
- 2040 - L'interdiction de tous les emballages en plastique à usage unique sera en place d'ici 2040
Nous discutons avec Karl Achte, responsable du développement du marché, RFID Food, Avery Dennison, du rôle crucial que la technologie devra jouer pour aider le secteur de la restauration rapide (QSR), hors domicile et de la distribution à s'adapter aux changements qui deviennent également rapidement la norme à travers le monde.
Selon vous, quel est le plus grand défi auquel ces deux secteurs sont confrontés ?
Tout d'abord, je pense qu'il est important de souligner que la loi présentera une énorme opportunité à la fois pour le secteur de la restauration (QSR, hors domicile) et pour les distributeurs. Cela débute par le fait que cela nécessitera une relation plus étroite avec leurs clients. Le traitement des emballages réutilisables nécessitera normalement le paiement d’un acompte à l'avance par les clients ou un enregistrement d'une manière ou d'une autre via une application. Quelle que soit la méthode utilisée, elle augmentera les points de contact qu'une entreprise aura avec ses clients. De toute évidence, si les clients choisissent une application, c'est également l'occasion de leur offrir des incitations et de collecter des données précieuses. À l'heure actuelle, le plus grand défi consiste à trouver la meileur solution à adopter. 2023 n'est pas loin et il est vital qu'au cours de la prochaine année, les éléments constitutifs soient définis et mis en place.
Comment la technologie d'identification numérique rend-elle possible le développement d'emballages réutilisables ?
Les emballages et contenants réutilisables doivent être de bonne qualité et subir des centaines de cycles de lavage et de retour. Les acteurs de la restauration et les distributeurs peuvent ne pas avoir la capacité de nettoyer les contenants sur place et peuvent donc avoir besoin de sous-traiter cette opératin. Ils doivent également maintenir les stocks et s'assurer que des emballages propres soient toujours à portée de main. Il y a aussi les défis identifiés ci-dessus pour s'assurer que les clients retournent les emballages et ne les emportent pas chez eux, ou pire, les éliminent hors site. La gestion des stocks basée sur la RFID UHF couvre les deux bases. Du point de vue du consommateur, il est facile d'attribuer un gobelet ou un emballage individuel à une personne à la caisse. Ensuite, après utilisation, le client dépose simplement l'article dans une poubelle intelligente, le remboursement étant automatiquement renvoyé vers une application ou en espèces. McDonalds et Starbucks testent l’utilisation de la vaisselle réutilisable. D'un point de vue commercial, il est possible de scanner l'inventaire à l'aller et au retour, palette par palette. Une bonne gestion des stocks signifie que chaque magasin connaîtra toujours son niveau de stock de contenants et pourra diriger leur fournisseurs de vaisselle et les entreprises de nettoyage si nécessaire.
Quelles autres technologies d'identification numérique existent-t-ils en dehors de la RFID UHF ?
Des identités d'emballage uniques peuvent également être attribuées à l'aide de codes QR et de la communication en champ proche (NFC). Dans le cas des codes QR, il est légèrement moins cher que la RFID et le QR peut également indiquer des informations supplémentaires sur le produit et la nutrition et ainsi améliorer l'expérience du consommateur. Mais cela s'accompagne d'un niveau de friction - plutôt que de simplement déposer un emballage dans une poubelle après utilisation, le consommateur devra le scanner. Il sera également plus difficile de suivre les niveaux de stock palette par palette comme vous le feriez avec la RFID. Étant donné que les étiquettes RFID ne coûtent que quelques centimes et que nous visons à ce que les gobelets soient réutilisés des centaines de fois, les avantages de la RFID par rapport aux autres technologies deviennent évidents d’autant plus avec les volumes qui se développeront et qui devront être gérés rapidement et précisement.
De quelle autre législation les distributeurs et les QSR doivent-ils être conscients ?
La législation est légèrement en avance sur les autres pays européesn en ce qui concerne la conformité à la directive européenne sur les plastiques à usage unique. Les États membres avaient jusqu'au 3 juillet 2021 pour transposer cette directive dans leur droit national et ont déjà imposé des interdictions à l'échelle de l'UE pour 15 articles, dont des assiettes, des couverts, des pailles, des gobelets pour aliments et boissons ou des récipients en polystyrène expansé à partir du 3 juillet 2021. Il impose également des exigences d'étiquetage, y compris sur la présence de plastique et l'impact sur l'environnement, pour les gobelets, les articles cycliques, les lingettes humides et les produits issus du tabac.
Cependant, la législation n'est pas l’unique réponse pour résoudre le défi de la circularité. De nombreux distributeurs mettent en œuvre des programmes à l'échelle mondiale, qu'ils y soient « forcés » ou non. Au Royaume-Uni, Tesco a récemment introduit « The Reuse Station » qui permet aux clients de retourner des contenants de marque et de récupérer leur consigne via une application. En France, de nombreuses initiatives se mettent en place autour de la consigne. Au Chili, une start-up appelée Algramo travaille avec des entreprises de biens de consommation comme Unilever, Purin et Walmart. Les utilisateurs peuvent commander ce dont ils ont besoin et payer via une application, avant de remplir leurs contenants soit à l’aide d'un tricycle électrique sur leur pas de porte, soit à partir d’un distributeur automatique en magasin. Tous ces programmes présentent un énorme potentiel et il devrait en résulter un impératif commercial, et pas uniquement un « défi » de la législation.